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16 articles

Plaquette : Construire une vile de paix

L’UNESCO a souhaité que l’an 2000 soit déclaré « année mondiale de la Paix ». Comment mieux entamer ce 21e siècle ?
L’expérience aubagnaise de « construire la Paix » se poursuit. Le document qui vous est ici proposé n’a qu’une seule ambition :
présenter la démarche de celles et de ceux qui ont permis à plus de 2000 enfants d’Aubagne et de sa région de participer à cette initiative
exhaltante . Le partenariat s’est enrichi, les nouveaux moyens de communication émergent, les villes de Paix de France et du Monde entrent en scène.
Nous abordons l’an 2000 résolument et avec confiance.

 

Lire la plaquette

Construire une ville de paix

Plusieurs ouvrages méritent ainsi d’être lus en parallèle de ces pratiques « open source » pour en éviter un usage prédateur.
Ces pratiques ne sont en aucune manière prêtes à l’emploi.

  • Évaluer sans noter, Éduquer sans exclure.  Référence 978-2-36717-143-2 (Collectif sous la direction d’Etiennette Vellas et Michel Neumayer)
  • Éducation Nouvelle – Répondre aux défis éducatifs et sociaux de notre temps (Collectif sous la direction de Michel Baraer, Michel Neumayer, Sophie Reboul, Etiennette Vellas) Référence 978-2-36717-878-3

 

6 mars 2025 – 18h30- « Nouveau monde » de Vincent Capello (Le cinema de Pouce la paix) Cinema Pagnol (Aubagne)

Le film sera, comme pour tous les autres films de « Pouce la Paix »
suivi d’un débat avec la salle. 

 

 

 

 

 

 

Vincent Capello – « Nouveau Monde » (Entretien)

Après avoir réalisé des courts métrages et des clips, Nouveau Monde est votre premier long-métrage. Il est né d’une rencontre ?

Oui, l’évènement qui m’a donné envie de raconter cette histoire c’est ma rencontre avec Rohid Rahimi. J’animais bénévolement une fois par semaine un atelier théâtre dans les locaux de l’association France Terre d’Asile. Chaque session durait deux heures mais il y avait beaucoup de turn-over car certains jeunes réfugiés étaient expulsés ou placés dans des familles d’accueil. J’avais donc du mal à fédérer un groupe. Par chance, lors de vacances scolaires, j’ai pu imaginer un stage d’une semaineavec l’objectif de présenter à la fin un spectacledevant tout le centre dans la salle de cantine. J’ai poussé un peu plus mes jeunes comédiens dans leur jeu en les faisant improviser, en leur expliquant la théâtralité. D’un coup, mon regard s’est arrêté sur Rohid, ce jeune afghan qui venait depuis deux ans à mes cours, assidûment, sérieusement. Il ne parlait qu’anglais à l’époque et on ne se connaissait pas très bien. Je lui ai demandé d’improviser le rôle d’un producteur de hip hop américain et j’ai pleuré de rire tellement il était bon. Je n’arrivais plus à m’arrêter de rigoler ! Je lui ai proposé une deuxième improvisation, plus difficile, plus intime, une scène d’amour. Le résultat était encore meilleur ! Je lui ai alors posé la question : « mais c’est pas possible, t’es acteur ?! ». Il m’a répondu : « bah ouais ! ». « Mais pourquoi tu ne me l’as pas dit ? ». « Bah, tu ne me l’as pas demandé ».

Réflexions suite au débat

  • La langue française comme élément d’intégration. La Solidarité, la complicité entre les deux garçons, la poésie, la musicalité qui mettent du lien.
  • Les liens qu’il créé avec les arts, la langue, la communication. L’amour et l’amitié, l’espoir.
  • Jamais les mots « Culture de Paix » ne sont prononcés. Ce qui pourrait étayer le Paix, c’est la fraternité entre Rohid et le jeune qui s’occupe des RBNB et l’amitié avec Iris avec une immense prudence.
  • Le film nous montre l’entraide et l’amour. Il nous ouvre les yeux sur des réalités qui donnent envie d’aider et de prôner le Paix.
  • Tristesse, injustice face à l’exploitation et au travail. Les souvenirs d’enfance sont toujours présents. L’attachement à la mère, à tout prix, percevoir un salaire pour aider sa famille. Film très émouvant qui nous projette sur l’exil il nous dit que nous sommes privilégiés.
  • Le fait de vouloir s’en sortir et de se battre par rapport à ses conditions d’asile, à travers l’apprentissage du français, la poésie, le chant et aider sa famille.
  • Le choc des Cultures. La volonté de vivre ensemble par la lecture, la poésie, la Peinture, la musique, enfin par tous les arts qui font notre Culture à nous, tout en travaillant pour gagner de l’argent et l’envoyer à son petit frère et à sa maman qui sont restés en Afghanistan et sont en danger face aux talibanse.
  • Une réalisation riche en émotions allant de la tristesse à la satisfaction sans exagération. Avec de gros plans expressifs dans la beauté. J’ai été quelque peu abasourdi par ce dernier plan du film, dans le mouvement, qui laisse une lueur d’espoir.
  • Le cœur de l’homme mis à mal, le corps de l’homme exploité au sein d’une société d’exploitation tous azimuts, la ville lieu d’errance, mais comme de formes de résistance : la fraternité, la poésie partagée, la musique, l’amitié, la subtilité des relations, qui nous rassurent, nous spectatrices et spectateurs. (Michel)
  • « La poésie, langue universelle, pour tenir envers et contre tout! » (Valérie)
  •  » Le rayonnement, la grâce des visages à l’écran lors des échanges des personnes mûes par l’altruisme, l’empathie, l’amitié… À l’opposé de la laideur obscure renvoyée par des comportements mercantiles, égocentriques… » (Jean Luc)

 

En savoir plus le film :

Avis de tempête!

Avis de tempête!

Les résultats des élections européennes du 9 juin 2024 confirment une poussée de l’extrême-droite en Europe. Comment en sommes-nous collectivement arrivés là ? Les conflits du Moyen-Orient, les actuels conflits dans le continent africain,  : comment en sommes-nous collectivement arrivés là ? Les récentes initiatives de Président des Etats-Unis d’Amérique : comment en sommes-nous collectivement arrivés là ?

Un regard sur l’école 

Nos démocraties libérales s’appuient, pour assurer leur propre reproduction, sur des systèmes éducatifs, qui s’enorgueillissent à juste titre de scolariser tous les enfants ou presque. Cela ne suffit pas! Ils sont en effet, en dépit du travail de nombreux enseignants soucieux de la réussite de tous leurs élèves, coresponsables de l’état présent des mentalités, de la montée des idées fascistes d’une part, et de la dépolitisation des consciences qui conduit un grand nombre de personnes à se laisser aller à des votes qui n’ont aucun sens, à contre-courant des nécessités historiques et des leçons de l’Histoire mondiale. (Voir nos animations en classe et en formation)

Un déficit de démocratie

Au nom de la démocratie, ce sont l’esprit de compétition, le pilotage des politiques publiques par l’évaluation qui se sont durablement installées et non la rencontre des citoyens, la lutte contre l’esprit de fatalité et de résignation qui auraient dû s’installer. Cette supposée démocratie dans notre société s’est mise au service de quelques-uns et non de toutes et tous. (Voir nos interventions publiques)

Un regard sur les luttes politiques, syndicales, associatives.

Barrer la route aux extrémismes de tous bords  ne suffit pas. Ce moment de crise est l’occasion pour nous toutes et tous (associations, partis, syndicats, acteurs culturels, intellectuels, artistes), de nous interroger surl‘ignorance, parfois lemépris que nos sociétés actuelles cultivent autour de l’intelligence des citoyennes et citoyens, notamment issus des classes populaires, enfants et adultes, qui en sont la très grande richesse, mais si souvent laissés pour compte au sein d’un capitalisme prédateur.

Agir pour une culture de paix 

« Pouce la paix » se revendique d’un courant de pensées qui dès 1920, lutte contre la fatalité des guerres et pour l’éducation de citoyens actifs, épris de paix, conscients de leurs capacités collectives et de leurs pouvoirs de penser et d’agir. Toute éducation est politique.  Toute action culturelle est politique. Le savoir, la culture, les actions de transformations des mentalités sont l’affaire de toutes et de tous. Nous en serons demain, plus que jamais, les acteurs. (Voir nos présentations « Le cinéma de Pouce la Paix »)

Face aux multiples dérives actuelles, notre volonté est d’agir par la culture, par l’éducation, par l’action collective pour barrer la route aux idéologies rétrogrades. Note action est modeste mais notre détermination sans faille.

Interventions publiques

Films et débats

Interventions dans les classes

Publications

23 mai 2024 – Bye bye Tiberiade – Aubagne

Quelques commentaires sur le film à la suite de sa projection à Aubagne .
En quoi ce film relève-t-il de la notion de Culture de paix ?

  • L’amour au-delà de l’exil choisi (Hiam) Serbi (la tante).
  • Tellement chargé d’amour. Aucune haine. Transmission d’un héritage culturel, mais incomplète.
  • Film empli d’humanité. Besoin de se retrouver, de ne pas oublier, c’est une manière de résister. Se retrouver pour prouver qu’un Peuple existe avec une forte aspiration à vivre librement.
  • Comment j’aime quand je suis séparée et que le passage des frontières est plus compliqué pour moi ?
  • Beaucoup d’humanité, de tolérance et de sens du pardon chez ces femmes. Importance de la famille dans cette Culture.
  • La tolérance des propos malgré l’intolérable situation.
  • Malgré la tristesse des exils, forcés ou choisis, aucune parole de rancœur …
  • Le « Pardon » évoqué dès le début dans l’allusion à la grand-mère.
  • Tout d’abord, le début du film où on nous présente l’arbre généalogique de la famille ; le devoir de transmission. Héritage de l’amour qui régnait dans la famille au fil du temps tantôt présent, tantôt passé, l’amour intemporel. La rencontre avec la tante de Syrie qui embrasse sa nièce retrouvée en nommant chaque membre de sa famille. C’est une manière de la reconstituer.
  • Ce film témoigne que les destructions, bombardements, murs, exode, barbelés n’effacent pas l’âme, les Cultures des entités humaines.
  • 1948/2024, la volonté israélienne d’effacer le peuple palestinien ? La place des femmes dans la famille, l’amour, la fraternité, la Culture autant de signes de résistance.
  • La relation entre l’Histoire individuelle et l’Histoire d’un Peuple. La famille, centre du film, représente tous les palestiniens.
  • Très frappé par le paradoxe d’une immense destruction et dispersion de bâtiments (aujourd’hui encore à Gaza), etc. et en contrepartie l’éloge d’une vie collective, d’une communication intergénérationnelle, plus un désir de lutter, de parler, de rire… Très frappé par le côté « géographique » du lac Tibériade : un grand creux, les multiples pays autour (y compris la France) comme autant d’espèces de déplacements, de perte, mais aussi de mémoire à retrouver.
  • J’ai vu deux fois « Bye Bye Tibériade, deux fois j’ai été traversée par de multiples émotions. La terrible réalité d’années gâchées à vouloir imposer une vision du monde sans prendre en compte les milliers d’existences de tant d’humains. Oui car c’est d’humains, avant tout, dont il est question et peu importe qui ils sont et comment ils vivent, chacun et surtout chacune à sa place, envers et contre tout. Voilà le message d’amour et d’espoir que je garderai de ce magnifique film-documentaire. Soyons en les passeurs tous ensemble.

Assemblée générale du 23 mars 2024

Rapport moral et d’activité ; Rapport financier adoptés.

Élection du nouveau Conseil d’Administration.

Réflexion sur la suite des activités / Écriture et débat.

Notamment… Agir autour des panneaux d’entrée de ville sur « Aubagne, ville pour la Paix » ; lecture d’un texte sur l’école : peut-être programmer des films pour les enfants ; pique-nique de la Paix au parc Jean Moulin avec Jean François Bernardini qui s’adresserait à chaque groupe ; rendre plus visible l’association ; se saisir des nouveaux moyens de communication (You Tube, Instagram, Facebook, …) ; agir en partenariat avec la médiathèque ; reprendre contact avec  SOS Méditerranée ; continuer à participer au carrefour des Associations et à la Marche pour la Paix organisée par l’Appel des Cent ; travailler avec les autres associations (Transition citoyenne et Urgence Gaza) + UMANI (Jean François Bernardini) ; continuer à participer aux initiatives proposées par La Bouilladisse ; la violence, la guerre qui nous envahissent au travers des médias entrainent une inquiétude et une peur qui agit sur la santé. Ceci est aggravé par le désert médical qui fragilise et affaiblit. On aboutit à un individualisme forcené qui affaiblit la qualité du vivre ensemble.

Palestine – Échos d’une manifestation à Aubagne, le 4/02/24

Pouce la Paix, dans le cadre de diverses interventions de militants pour la paix, a proposé la lecture de poèmes de Mahmoud Darwich.

A Ma Mère par Mahmoud Darwich

J’ai la nostalgie du pain de ma mère,
Du café de ma mère,
Des caresses de ma mère…
Et l’enfance grandit en moi,
Jour après jour,
Et je chéris ma vie, car
Si je mourais,
J’aurais honte des larmes de ma mère !

Fais de moi, si je rentre un jour,
Une ombrelle pour tes paupières.
Recouvre mes os de cette herbe
Baptisée sous tes talons innocents.
Attache-moi
Avec une mèche de tes cheveux,
Un fil qui pend à l’ourlet de ta robe…
Et je serai, peut-être, un dieu,
Peut-être un dieu,
Si j’effleurais ton coeur !

Si je rentre, enfouis-moi,
Bûche, dans ton âtre.
Et suspends-moi,
Corde à linge, sur le toit de ta maison.
Je ne tiens pas debout
Sans ta prière du jour.
J’ai vieilli. Ramène les étoiles de l’enfance
Et je partagerai avec les petits des oiseaux,
Le chemin du retour…
Au nid de ton attente !

1966

Etat de Siège

par Mahmoud Darwich

Ici, aux pentes des collines, face au crépuscule et au canon du temps
Près des jardins aux ombres brisées,
Nous faisons ce que font les prisonniers,
Ce que font les chômeurs :
Nous cultivons l’espoir.

* * *

Un pays qui s’apprête à l’aube. Nous devenons moins intelligents
Car nous épions l’heure de la victoire :
Pas de nuit dans notre nuit illuminée par le pilonnage.
Nos ennemis veillent et nos ennemis allument pour nous la lumière
Dans l’obscurité des caves.

* * *

Ici, nul « moi ».
Ici, Adam se souvient de la poussière de son argile.

* * *

Au bord de la mort, il dit :
Il ne me reste plus de trace à perdre :
Libre je suis tout près de ma liberté. Mon futur est dans ma main.
Bientôt je pénètrerai ma vie,
Je naîtrai libre, sans parents,
Et je choisirai pour mon nom des lettres d’azur…

* * *

 

 

16 novembre 2023 – Et je verrai toujours vos Visages

 

 

 

Personnes qui ont souhaité s’exprimer par écrit  : Qu’est ce qui parle de Culture de Paix dans ce film ?

      • Le fait de permettre à des victimes et des agresseurs de se rencontrer et de pouvoir échanger depuis leur propre posture, de ce qu’ils ont vécu en tant qu’Humain.
      • La Légitimité.
      • La parole, l’écoute, laisser le temps à la rencontre.
      • La pacification d’une relation est une preuve de réparation quand il y a agression. Dire, écouter, se rencontrer c’est peut-être reconnaître l’autre personne comme si l’on se rencontrait soi-même.
      • Gilles Lelouche. J’ai trouvé le film très dur mais aussi très humain dans les rapports entre des parties qui sont pourtant parfois différentes dans la vie. Le pardon et le dialogue ouvrent les cœurs.
      • Les échanges : arriver à s’exprimer, à entendre, à reconnaître l’autre différent, mais capable de compréhension.
      • Ce n’est pas le Monde et nous autour, c’est le Monde et nous à l’intérieur. La guerre avec moi-même, la Paix avec les autres.
      • Le dialogue mais il faut que chacun, au préalable, accepte de dialoguer.
      • Je pense réellement que ce genre de dispositif peut aider les deux parties. Il faudrait que ça se répande dans toutes les régions et dans toutes les prisons.
      • Rapprochement physique et par le dialogue des agresseurs et des victimes.
      • Une méthode de dialogue et une volonté d’encadrer humainement.
      • Faire la Paix avec soi, avec le vécu.
      • Laisser parler l’autre sans intervenir ou induire.
      • Le partage des Cultures par le partage de la parole, le partage de la nourriture, le partage des émotions…

26 janvier 2023 : « Ariaferma »

 

Accrochée aux montagnes sardes, une prison vétuste est en cours de démantèlement quand le transfert de douze détenus est soudainement suspendu pour des questions administratives. Gargiulo, le surveillant le plus expérimenté, est alors chargé de faire fonctionner la prison quelques jours encore, en équipe réduite. Lagioia, qui finit de purger une longue peine, entrevoit lui la possibilité de faire entendre les revendications des quelques détenus en sursis… Peu à peu, dans un temps suspendu, prisonniers et officiers inventent une fragile communauté.

 

Les réflexions que la projection de ce films ont permis :

Contributions écrites des personnes présentes à la projection du film ARIAFERMA

Un peu d’Humanité dans un milieu où l’Humain n’est plus considéré comme tel. M.

Un Monde utopique. Côté Humain qui ressort : Chaleur, non violence, partage, communication. Prise de risques du gardien tout en restant dans son rôle. B.

Partage d’actes quotidiens de la vie malgré ce qui sépare les protagonistes. C.

Dans un milieu carcéral, de l’Humanisme et de la complicité entre les Hommes. G.

L’Humanité dans un lieu très dur. P.

Nos propres réflexions de membres  présents à la projection du film.

La Culture de Paix se doit d’aller chercher son terreau dans des lieux qui semblent éloignés, voire aux antipodes. Nous y sommes dans cette prison, et pourtant une lumière y apparaît, notamment dans l’obscurité d’une panne d’électricité. JL.

Tout aurait pu basculer dans la barbarie mais chacun a fait le pari d’un bout d’Humanité qui lui restait. V.

Ariaferma : Film remarquable ! Comment laisser s’exprimer la part d’Humanité qui est en chacun, quelles que soient les circonstances ?
Qu’est-ce que j’accepte de laisser pour faire un pas vers l’autre, et ouvrir une porte pour que l’autre vienne ?
En d’autres termes, quels éléments facilitateurs est-ce que je mets en place pour que la culture de paix rayonne, et le vivre ensemble trouve sa place ?
Qu’est-ce que je risque ? Que du bon ! Tout cela est distillé dans ce film remarquable. Th.

 En situation de crise due à un manque de moyens, les responsables d’une prison du sud de l’Italie, affrontent la situation en se mettant en infraction par rapport à la loi. Cette prise de risque permettra de restaurer petit à petit la dignité de tous au sein d’un univers et qui n’en est pas souvent là. Les pas de côté que font le gardien en chef, puis l’un des détenus, autour, notamment d’une question de nourriture remettent  au centre la dimension humaine et transforment en profondeur les relations. La notion de soin est essentielle : prodiguée notamment par un détenu en situation de crise profonde, c’est par la crise que se transforme la relation. Dans un monde d’homme, c’est par un geste que souvent, on attribue aux femmes : la nourriture que la situation se transforme profondément. Un film angoissant, mais un film remarquable. M.

ARIARERMA, une fiction qui nous apprend beaucoup. Le milieu carcéral auquel je ne connais rien, me fait beaucoup penser à ma situation lorsque j’étais enseignante. Comment peut-on développer l’Humain en restant dans les limites de la loi ? On doit réfléchir à la prise de risques que nous fait prendre la confiance que nous mettons dans l’autre pour faire un pas vers lui. J.

 Comment dans un lieu de déshumanisation, des Hommes que tout semble séparer, confrontés à une situation inédite, dépassent l’insurmontable et, à leur manière cultivent le « Vivre Ensemble ». ARIAFERMA, un regard enthousiasmant sur l’être Humain. D.

Face à la guerre : le choix de l’écriture (2)

 

Cet entretien avec la poétesse russe Olga Sedakova est paru dans la revue Filigranes
Il fait écho à la situation que traverse l’Europe aujourd’hui.
http://www.ecriture-partagee.com/03_Fili_numero/fi_65_franco_russe/fi_65.htmwww.filigraneslarevue.fr

Olga Sedakova y évoque « le monde contemporain où j’habite. Il n’est pas divisé en « monde de culture » et celui « brut » de la vie quotidienne. Ce n’est pas une question d’érudition ou de « connaissance ». La toile de Rembrandt constitue aussi bien une partie de mon expérience personnelle immédiate qu’un wagon de métro. Il n’y s’agit d’aucune nostalgie. Tout cela est vivant, tout cela y existe. »

 

Votre traducteur, dans son introduction à Voyage à Tartu et retour, parle de votre écriture comme « pensée poétique » vous reconnaissez-vous dans cette formulation, et pouvez-vous préciser ce qu’elle peut recouvrir ? Y a-t- il une pensée poétique comme il y aurait une pensée philosophique, et dans ce cas que construit-elle de spécifique ?

Olga Sedakova : « Par la pensée philosophique, on entend d’habitude une interrogation solennelle sur la cause des choses. La pensée poétique ne pose pas de questions pareilles. Elle saisit inopinément par intuition la réponse qui devance la question. Elle ne cherche pas de la netteté finale, ni de l’étendue. Comme une image poétique elle ne fait que découvrir un espace du sens, et laisse les deux, le poète et son écouteur en toute liberté devant cet espace. Et bien sûr, la pensée poétique ne prévoit pas de discussion, d’éclaircissements, d’ar- gumentation. La pensée philo- sophique avant Socrate ressemble à la pensée poétique. Ce n’est pas en vain que les poètes l’aiment tellement… Ils adorent les paroles de Héraclite, d’Empédocle… Ce n’est pas encore une philosophie développée. »

 

Lire l’entretien :
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Face à la guerre, le choix de l’écriture (1)

 

Marseille 30 mai 2022, ce message de A.A. qui publie notamment dans la revue http://filigraneslarevue.fr/

Craque, casse la carapace d’une vie
Pour seulement vivre
Un chagrin de peau

Antoine Emaz

 

Un bateau dort en mer Baltique, depuis longtemps ;
Sa carcasse cernée de phares et de balises ne sert plus personne
Le marin est le seul vivant à bord
Ici rien ne se passe.

Sa main traîne dans les rambardes, il trébuche sur les drisses inutiles
Il est venu vérifier l’abandon des installations nucléaires
Qui ne font plus peur à personne

Par malignité poétique il trompe son ennui, il s’amuse
Au jeu de la lettre perdue.
Comme un poète français enlevait le « e » à ses textes
Il enlève le « K » aux noms des ports russes qu’il a traversé
Pour que leur poésie subsiste

Doudinka, Novorossisk, Mourmansk, Vladivostok
Emblèmes de la grande Russie
Ils sont dans les glaces toute l’année
Leurs bateaux, bloqués par la neige sont les étoiles
Des mers froides

Les hommes d’ici sont durs et fraternels
Ils ont mis en échec les armées d’Hitler
Et ils continuent à tirer charbon, pétrole, gaz autour de la planète

Dans la ronde impitoyable du besoin
Le monde attend d’eux l’énergie et le blé
Qu’ils livrent modestement
De leurs « K » imprononçables

Maîtres de l’Orient, l’histoire a oublié la grandeur
De l’Aeroflot soviétique
Malgré ses traces dans la Baltique
Comme ce vieux rafiot
Dans cette photo
Qui me regarde
Cette photo plonge depuis longtemps dans ma chambre un regard indiscret,
Une odeur d’essence flotte sur la beauté de ce marin perdu
Cerne aussi un coin de ma mémoire
Souhaiterai-je qu’il sorte de la photo comme chez Woody Allen
Ou peut-être qu’il m’inspire ce regret
« D’un chagrin de peau »

Les hommes accrochent souvent un calendrier des postes
Pour se donner du courage quand ils sont loin
Souvent à l’arrière du garage, balayé d’émotion
Ou comme ici à fond de cale adossé à une vieille tapisserie
Salée de vagues, usée de temps
Est-ce pour cela que j’ai accroché cette photo sur mon mur ?

Sa bien-aimée est de face et me fixe
Blonde, sophistiquée, les yeux velours, les créoles impertinentes,
Lumière crue comme sur une scène
Dont il se détourne.

Lui, il ne la regarde pas.
De profil, enroulé dans une couverture ordinaire
Rugueuse et chaude comme dans les trains de nuit
Il songe peut-être à leur séparation
Entre eux il n’y a pas de regard, pourtant ils s’emploient
A parler d’amour sans se toucher

La photo réussit dans l’image Imprégnée de chagrin
Du passé, de ce couple
Et par ce bateau, de raconter l’autre histoire
Celle de ce pays qui perd sa marine et son être

Graphie de la lettre « K » comme don de la langue
Pour se repérer dans l’ailleurs
Ramenant de Sibérie dans notre imaginaire
Ces travailleurs qui faisaient nos rêves
Métonymie fertile qui dit que l’amour nous hante
Et que même en songe il nous parle de paix

Les ports de la mer Noire ont un autre destin aujourd’hui
Les bateaux ne gèlent plus dans les eaux chaudes de Sébastopol
Ils deviennent «  stations balnéaires »
La Russie emboîte le pas au reste du monde ou l’a-t-elle précédé
Dans un profil d’homme que la guerre efface
Comme elle efface l’histoire des hommes